« Une belle aventure vénitienne : La voce de la notte » par Céline Baliki

belle aventure vénitienne

Les ateliers artistiques menés avec les élèves du collège Guy Flavien nous conduisent à la rencontre de l’autre, la rencontre d’êtres avec qui nous pouvons nouer des liens d’échange, de solidarité ; la découverte de langues et de cultures ; la rencontre avec des créateurs quand nous partageons avec eux notre souci du monde ; la rencontre avec des œuvres, veilleuses dans les nuits des civilisations éteintes, qui nous font voir le monde et permettent de mieux nous comprendre et d’être soi-même.

On peut encore entendre la musique du monde quand nous voyageons et que « poésie et voyage sont d’une même substance, d’un même sang » pour reprendre l’expression d’Yves Bonnefoy, « car parmi toutes les actions possibles à l’homme, dit-il, ce sont peut-être les seules qui sont utiles et qui ont un but ».

Pour ce projet qui a réuni dans une aventure 25 élèves de 4ème et de 3ème, nous avons revisité l’œuvre de Thomas Mann et le film de Luchino Visconti : Mort à Venise , pour inventer une nouvelle fiction qui se déroule dans les années 70. C’est l’histoire d’une troupe d’adolescents parisiens, dirigée par un vieux professeur italien, Alberto, qui veut livrer un secret à ses élèves avant sa mort. Il a décidé de les emmener à Venise pour préparer leur nouveau spectacle. Il connaît dans cette ville un lieu où ils pourraient travailler et trouver l’inspiration pour leur création future.

Arrivés à Venise, les jeunes sont surpris de ne pas voir Alberto. Celui-ci leur dépose de manière mystérieuse des lettres : « Je vous ai emmenés à Venise à cause d’une voix que j’ai entendue dans le bruit de l’eau calme, à peine mue par un souffle léger, à proximité d’un petit canal. C’était un chant fragile comme la vie….La troupe part à la recherche de cette voix. Les adolescents découvrent des œuvres dont ils ne soupçonnaient pas l’existence. Ils apprennent l’existence d’une mystérieuse « Partigiana », si présente dans la mémoire d’Alberto, qui aurait caché avant de mourir des tableaux dans les caves d’un palais. Puis ils aperçoivent le beau visage de Tadzio qui va les perdre toute une nuit dans le labyrinthe des « calle » ravagées par le choléra. Ces rencontres vont-elles les aider à percer le secret de leur maître ? Vont-ils enfin vivre ce moment de beauté absolue promise par Alberto ?

Pourquoi la beauté ?

L’atelier proposé cette année aux élèves volontaires de 4ème et de 3ème le jeudi de 17h à 19h s’est construit autour de la thématique de la beauté. En effet, il nous a semblé intéressant de questionner avec des adolescents ce qu’est la beauté, ce qu’elle représente, ce qu’elle touche : un concept ? Une émotion ? Un émerveillement inattendu ? Une découverte sensible qui bouleverse une vie ? Une rencontre ?

Dans une société qui a tendance à uniformiser les goûts, à rejeter la différence et à entraîner les adolescents dans une consommation à outrance sans remise en cause ni prise de conscience des conséquences sur les mentalités et les libertés, dans une école où la culture ne semble pas rimer avec savoirs, connaissances ou apprentissages, le choix de ce questionnement se révèle donc être un véritable engagement. Engagement pédagogique et engagement artistique.

De plus, la beauté, n’est-ce pas la quête de tout homme qui cherche à donner pleinement sens à la vie ? Mettre les élèves en recherche, les inviter à explorer leur propre ressenti, leur créativité, pour donner une parole singulière au monde, en partage, en écoute de la parole de l’autre, portée par une interprétation personnelle et nourrie de la mémoire et du travail de ceux qui se sont engagés sur cette voie, n’est-ce pas un projet d’apprentissage exigeant qui redonne sens à la présence des élèves à l’école ?

Ce projet a pris appui sur le roman de Thomas Mann « Mort à Venise » et sur le film réalisé par Luchino Visconti.

1) Ecriture

1er atelier :

Nous avons d’abord fait écrire les élèves à partir de tableaux (reproductions, photos…) ou de sculptures qui sont considérées comme des œuvres importantes dans l’histoire de l’art et de la civilisation. Ces tableaux représentaient des paysages, des scènes de la mythologie, des Vénus, des piétas, des corps en souffrance, des scènes de la vie quotidienne…. Ces images, photos ont été accrochées sur les murs de la salle où nous nous retrouvions et ont accompagné les élèves toute cette année. Nous avions également affiché sur les murs des poèmes, des textes parlant de la beauté. Nous avons demandé aux élèves de choisir un corps qui représentait pour eux la beauté et d’écrire la raison de ce choix. Cette écriture a pris différentes formes : dialogue dans lequel le personnage peint, prend la parole et dit pourquoi il est le plus beau, écriture d’article critique pour une revue spécialisée en art, texte poétique… Nous avons donc abordé l’évolution des corps et de leur représentation en peinture : les critères esthétiques ne sont pas les mêmes à des époques différentes. Le beau est donc aussi en lien avec une subjectivité, une histoire, un moment de civilisation.

2 Extraits à partir de La tempête de Giorgione

Extrait 1 écrit par Dwel et Gaëlle

  J’ai tout de suite été attirée par le regard foudroyé de l’inconnu.

  Moi j’ai plus aimé la sérénité du paysage avec le dégradé du ciel bleu nuit et l’éclair qui le transperce et qui exprime plus de tension.  Moi, je préfère les visages car ils me parlent beaucoup, m’intriguent, peur, douceur, des mélanges d’émotions.  Je trouve qu’il a un regard assez lointain, comme s’il couvrait quelque chose ou qu’il repensait à un moment heureux.  Sur ton tableau, je vois quelque chose de plus sombre, la ville est abandonnée, triste, délabrée.  La ville est endormie et sereine malgré l’éclair qui vient troubler la nuit.  L’homme parait féminin et en même temps masculin, mystérieux et inconnu  La beauté, c’est le fait d’être serein tout en éprouvant une foule d’émotions  Je trouve que mon tableau est obscur… C’est le mystère du regard qui me fait l’aimer

Extrait 2 : Camille et Raphaël

  Mais pourquoi aimes-tu cette photo ?

  Je l’aime car j’apprécie le contre-jour .  Le contre-jour ? Mais pourquoi ? Pour ces couleurs et les effets qu’il donne ?  Pour le mystère qu’apporte l’ombre du tableau…  Mais que sont pour toi les couleurs chaudes apportées par l’agonie de l’astre brûlant ? En quoi cette photo reflète-t-elle la beauté ?  Dans cette photo, la lumière représente la beauté, la lumière sur le sujet… elle assombrit le sujet. T toi que trouves-tu de si intéressant dans ce tableau ?  Je trouve le contraste de l’éclair pâle et du ciel sombre intéressant.  Mais pourquoi ? Qu’aimes-tu dans cette pâleur ? Pourquoi trouves-tu ce tableau beau ?  Le jeu des couleurs sombres nuancées par la zébrure claire est magnifique. C’est une beauté simple, pouvant être observée tous les jours, mais si pure dans sa forme, si profonde dans son sens que je ne pouvais m’empêcher de le choisir.

2ème atelier :

Les élèves ont écrit à partir de souvenirs imaginaires de Venise puis de photos de la Sérénissime à partir de sensations. Nous leur avons demandé d’imaginer Venise. Puis nous leur avons montré des photos. Chacun a choisi celle qui lui plaisait. A partir de ce choix, nous leur avons donné des accroches d’écriture : je sens / je vois / j’entends/ au-delà de mon regard / je devine :

Extraits :

Je vois le soleil couchant au dessus de la mer, un vieux ponton en bois et des nuages grisâtres doucement éclairés par la lueur pâle du soleil, soleil couchant…

J’entends le bruit des vagues s’échouant sur le sable, un oiseau marin voler dans le ciel

Je sens l’eau sous mes pieds, les embruns salés qui viennent s’heurter à mon visage

Je devine voler haut dans le ciel, des poissons nager dans la mer, des pêcheurs s’affairer à ranger leur matériel

Au-delà de mon regard, une plage vivante, bruyante Je vois une maison dans le reflet de l’eau

J’entends le calme

Je sens l’odeur des fleurs sur les balcons Je devine le reflet de l’eau

Au-delà de mon regard, un grand soleil

3ème atelier

Les propositions étaient en lien direct avec la trame de notre fiction. Il y avait des lettres, des dialogues à inventer :

Les consignes :

Proposition A :

Ecrire la première lettre d’Alberto : lettre qui sera lue sur scène Cette lettre dit le désir d’Alberto de transmettre, partager quelque chose. Alberto se sachant proche de la mort est à la recherche d’une paix intérieure, d’une sérénité… Il se tient à l’écart du monde, malade, fragile et pourtant il est habité….

Proposition B : séquence 3

Petit dialogue quand les 3 filles aperçoivent le visage de Tadzio pour la première fois. Elles se perdent mais le jeune homme nourrit leur désir…..

Proposition C :

Ecrire le mot d’Alberto qui demande à ses élèves de se rendre à la bibliothèque Marciana afin de rechercher l’histoire d’une femme appelée la Partigiana. ( C’est une manière pour Alberto de faire entrer ses élèves dans son histoire personnelle sans qu’ils le sachent car ils ignorent que cette femme a été l’amante d’Alberto.)

Proposition D :

Ecrire sous forme de dialogue l’histoire de la Partigiana

Proposition E :

En sortant de la bibliothèque Marciana, les élèves d’Alberto voient sur leur chemin une galerie dans laquelle sont exposées des toiles de Zoran Music. Ils sont attirés et intrigués par ces peintures de corps et ils demandent à la galeriste des informations sur le peintre. Celle-ci leur explique qui était ce peintre qui a vécu dans les camps de concentration. On apprend aussi qu’il a caché la Partigiana à la fin de la guerre. Personne ne le savait même son amant Alberto. Stupeur des élèves qui découvrent la relation d’Alberto avec cette femme. Les élèves décident de s’emparer d’Alberto par curiosité mais aussi et surtout par amour de leur maître.

Proposition K :

Découverte de Venise « malade » : atmosphère étouffante, les gens ont du mal à respirer à cause du sirocco, personnes malades, des affiches viennent d’être placardées sur les murs : elles recommandent de ne pas boire de l’eau qui coulent des fontaines, est-ce une épidémie ? inquiétude… De plus pas de message d’Alberto, les élèves s’inquiètent. Peut être Alberto est-il malade ? 3 filles aperçoivent Tadzio et le suivent. Celui-ci les mène chez Alberto.

Proposition M :

Lieu de répétition : mes 3 filles révèlent ce qu’elles ont vu pendant la nuit. Tadzio arrive et lit la lettre de son père à visage découvert. Son père est très malade et il a peur pour lui. Ecrire la lettre d’Alberto. Alberto révèle son « secret ». Il est à la recherche des tableaux et d’une partition de la Partigiana. Il aimerait avant de mourir revivre, retrouver cette émotion si intense. C’est aussi ce qu’il veut transmettre à ses élèves.

Proposition U :

La troupe part chez Zoran Music à la recherche d’un indice. Elle trouve au dos d’une partition posée sur le pupitre d’un piano le nom d’un palais. (Près de l’église de la Misericordia) Départ en gondole pour le lieu, la nuit… Une musique se fait entendre…. Découverte des œuvres…( Danse au musée de St Denis/ œuvre de Pignon Ernest Pignon)

4ème atelier

Ecrire son ressenti à partir de l’exposition des Extases d’Ernest Pignon Ernest à St Denis tout en remettant en contexte son émotion : resituer la découverte de ces tableaux dans la fiction.

Extraits :

Pierre F

 Je ne pensais pas à ça quand Alberto disait que c’était merveilleux. Ces tableaux sont d’une beauté incomparable, inimaginable, une splendeur. On croirait que ces femmes sont vivantes. Je ne sais comment les décrire. C’est beau.

Margaux

 Torture, tristesse, abandon, chauve, souffrance, os, nu, offertes à dieu, beauté du corps, maigre, prisonnier, mort, dévoué, offrir Je sais ce que ressent Alberto maintenant. Un vide et une tristesse immense. Ces femmes, nues, dévouées, offertes à dieu, ces femmes prisonnières, enfermées dans leur corps…Je ne sais pas comment il a pu découvrir ça mais ce sont des beautés. J’ai pitié de ces femmes qui ont l’air prisonnières. La lumière fait revivre quelques secondes ces femmes dans des positions de danse et de souffrance. On voit des femmes sensuelles déçues par dieu. On dirait qu’elles veulent nous emmener avec elles. Ce qui me rend triste, c’est cette mine fatiguée et lassante…

Rémy

 Je suis subjugué par cette œuvre. Elle représente des femmes souffrant de dévotion. Le reflet des images dans l’eau crée une beauté inégalable. Mon cœur s’’est arrêté de battre devant cette image. J’ai enfin retrouvé la beauté que je cherchais depuis tant d’années.

Mettre les élèves en écriture n’était pas si simple. Il leur fallait dépasser une contrainte formelle à laquelle ils sont habitués pour aller chercher au fond d’eux ce qu’ils ont à dire. Ils devaient se projeter dans cette fiction pour la faire leur et habiter les personnages pour que leurs paroles soient vraies.

2- Les ateliers chorégraphiques

Les ateliers chorégraphiques menés par Delphine Bachacou se sont déroulés régulièrement sur toute l’année. Le travail avait parfois lieu en ½ groupe ou en groupe entier.

Les danses de l’eau

Pour appréhender Venise par le corps et les sensations, la chorégraphe a travaillé différents états de l’eau et par conséquent différents états de corps : la fluidité, l’eau brisée, l’eau pétillante, l’eau opaque / brouillard. Les danses étaient en lien avec des lieux de Venise : le campo San Formosa, le marché du Rialto, le bord d’un petit canal à l’écart de toute agitation…Ce travail s’est effectué en 4 groupes. Les adolescents ont cherché des mouvements, des rythmes qui correspondaient à l’état recherché. Ils ont construit un espace en imaginant Venise.

Le bal

Le bal est un moment de danse collective très fort. Il correspond à une pause dans la fiction et à un travail chorégraphique différent. Tous les adolescents y participent et sont dans le même temps, le même partage. Il s’agit aussi de créer collectivement. Le travail s’est construit autour de danses à deux avec ou sans contact.

Cette scène correspond à un moment plus léger, plus joyeux où le rituel du bal est respecté : les filles se préparent et s’habillent de leur plus belle robe. Les garçons se ont beau et vont inviter les filles. Un jeu de séduction, de regard intervient entre les danseurs qui se laissent emmener par la voix de Lucio Dalla.

La chute des corps

Un des moments forts de la fiction fait référence à une partie du film de Visconti : la découverte du choléra à Venise. Gustav von Aschenbach poursuit Tadzio dans les ruelles de Venise et se rend compte que la maladie est bien réelle. On essaie de la cacher mais Aschenbach est pris d’angoisse quand il sent la mort si proche. Proche de lui mais aussi de Tadzio. Nous avons repris cette scène mais en créant un tableau chorégraphique. Delphine, en effet, a travaillé avec les adolescents sur la chute, le poids, le déséquilibre. Elle a composé sur différents temps et rythmes un effondrement de tous.

Les extases et la danse au soleil levant

Il a semblé intéressant de travailler en regard des Extases d’Ernest Pignon Ernest. La chorégraphe est partie des positions de ces femmes pour proposer à partir de ces corps une phrase collective. Puis les élèves ont cherché par petits groupes à exprimer cette élévation et la joie liée à la découverte du secret d’Alberto. La danse met en évidence un moment de jubilation : diagonales en spirales emportées sur une musique de Vivaldi, sauts, tourbillons, allégresse au bord de l’eau… Une énergie nouvelle se déploie et se partage : plaisir et enthousiasme. Puis moment collectif avec reprise des mouvements extatiques. Les mains et le regard de lèvent vers le ciel, tournés vers le soleil : un don, une salutation…

3 - Les ateliers théâtre

Aurélie Turlet, comédienne, a travaillé tout au long de l’année sur la mise en scène. Nous avons essayé que chacun des élèves ait un petit bout de texte à dire. Pour eux, la présence au théâtre est forcément liée à la prise de parole.

Les rôles de chacun ont été déterminés à partir d’improvisations théâtrales et des personnalités des adolescents. En effet, à chaque personnage correspond un trait particulier propre à l’enfant et qui a été travaillé, approfondi. Les répliques et les tirades ont très vite été apprises. Puis est venu le temps de la mise en voix et en corps du texte. Du jeu. De la prise en compte de l’espace et des autres dans ce même espace. Le travail a été long et laborieux car nous sommes très exigeants quant à la justesse des mots, des regards, des tons de la voix. Nous avons été confrontés à du « appris par cœur » mais pas habité, vécu, traversé.

Aurélie a pu travailler en petits groupes en fonction des scènes. Les autres faisaient alors un travail sur la voix mené par Claire Daems ou répétaient des scènes déjà vues avec Claude Goisny.

4- Voyage et cinéma

Venise est au cœur de notre projet. Elle est la ville rêvée, imaginée à partir de peintures et de photos. Elle est celle que tout le monde connaît et en même temps si mystérieuse. Pour notre troupe, elle est une énigme. Les adolescents y arrivent et s’y installent. Leur professeur n’est pas là. Il leur a laissé une lettre qui les invite à saisir par les sens les secrets qui se cachent loin des sentiers connus et repérés dans les guides touristiques. Voyage d’apprentissage : seuls dans une ville inconnue… De quoi faire peur à nos adolescents parisiens qui ne se doutent pas encore que leurs professeurs (qui eux sont bien présents) vont les emmener dans une quête épuisante et bouleversante…

Joseph Rossetto a tout orchestré : le plan de tournage avec toutes les séquences à filmer : les scènes, les lieux, (extérieurs et intérieurs) les moments de la journée, ( scènes de nuit, lever du soleil, 5h30 du matin), les traversées en bateaux, (Murano, Burano, le Lido), la rencontre d’Alberto et de Tadzio…. les gondoles… Tout est programmé, minuté… A peine arrivés, le temps de déposer les valises, Philippe Troyon, cinéaste, est déjà en train de filmer.

Tout le monde se met à l’œuvre. Maxime Beaufey, photographe, devient acteur et annonce la gravité du choléra à la troupe

Le temps d’un soir, Joseph Rossetto réalise son rêve : il devient le passant qui parle à mots voilés de la Partigianna…

1ère prise, puis la deuxième, la troisième : Action ! Travail épuisant mais le cinéaste ne cède pas à la fatigue. Il faut reprendre. C’est aussi une chance… Si ce n’est pas bon, on peut refaire… Pas trop quand même car les adolescents donnent beaucoup et leur patience est vraiment admirable. Certains doivent attendre dans le silence…

Le travail fait à Paris pour le spectacle doit être réadapté pour le film. Nous devons repenser les mises en scènes prévues en fonction des lieux qui sont à notre disposition.

Les journées sont longues et riches. Le planning est bien chargé et nous rêvons de pouvoir nous assoir et regarder les couleurs dans le miroitement de l’eau, écouter les musiques de la ville…Cette année, le projet est très lourd car deux films sont prévus : un film autonome de cinéma et le film pour le spectacle. Nous avons malgré tout le temps de découvrir Venise sous un regard particulier. Notre histoire nous habite. Nous avons pu voir les tableaux sur lesquels nous avions travaillé à Paris. Beaux moments d’émerveillement. Le voyage a aussi permis aux adolescents de s’imprégner de leur personnage, de souder le groupe autour du projet.

Ce fut une semaine pleine et riche en aventures.

5- Le spectacle

Au retour, nous nous sommes remis dans l’optique du spectacle, de la scène. Il a fallu reprendre des mises en scènes cinématographiques et les adapter à l’espace scénique de l’Espace Reuilly. Idem pour la danse. Répétitions, filages. Le travail est dense car il ne reste pas beaucoup de temps finalement. Les élèves maitrisent bien les textes, ont beaucoup progressé et s’investissent dans le travail. Il y a quelques passages de fatigue mais le projet semble se tenir. Nous retravaillons les transitions, les passages scène / écran qui ne sont pas évidents.

Nous sommes enfin prêts. Tout n’est pas parfait mais le jour J est arrivé. Filage le matin : découverte de l’espace, des lumières. Quelques réglages à faire et surtout porter la voix. Les spectateurs doivent entendre sinon ils vont être perdus. L’histoire est complexe. La troupe de Guy Flavien est libre l’après midi. Barnabé revient le soir avec une entorse… Un peu d’inquiétude. Nous faisons une mise en voix, une mise en corps.

Les élèves connaissent le spectacle, ils savent tout, quand enlever les éléments de décor, à quel moment entrer sur scène… Maintenant il faut qu’ils aient du plaisir à jouer, à être dedans et à partager cette expérience… Ils sont bien là et cela fait plaisir de les voir sur scène, présents et dans le don.