La poésie n’est pas seulement un objet d’étude au programme. C’est aussi une façon d’être, de sentir, de voyager. Si beaucoup d’élèves, surtout les garçons, surtout dans les options technologiques, la considèrent comme « un truc de filles », ce n’est peut-être le plus souvent que par pudeur ou conformisme. Il serait temps d’en donner une autre image.
Un groupe de professeurs (pas seulement de lettres, et pas seulement de femmes !) s’est réuni et imaginé les activités et interventions suivantes au lycée Louis Armand. Cette série de propositions peut être reprise, augmentée, transformée, déclinée sous d’autres formes, dans d’autres établissements.
1. Chaque heure de cours pourrait commencer par la lecture d’un poème, dit ( récité ou lu) par un élève, ou, à défaut, un professeur. Cela suppose que le professeur principal, et/ou le professeur de lettres prévienne les élèves à l’avance et les invite à en chercher au CDI ou sur internet , et leur demande de préparer une lecture un peu fluide, sinon expressive et les invite à rechercher les textes les plus variés ( du point de vue des thèmes, des époques…). Tous les textes sont bienvenus, y compris les poèmes dans la langue d’origine des élèves, qui pourront s’essayer à une traduction. Cela suppose aussi que les professeurs aient au moins un poème sous le coude. Mieux, que ces poèmes aient un rapport avec leur matière, d’une façon plus au moins lointaine ( facile en langues, en histoire, et même en bio – voir les bestiaires ou les blasons …)
2. A la cantine, on pourrait distribuer aux élèves, avec leur serviette en papier, un poème court. Cela suppose qu’on demande aux agents un petit travail supplémentaire ( photocopie et distribution).
3. On pourrait imaginer une performance, dans la cour, ou dans une salle ouverte en cas d’intempérie, une sorte marathon poétique. Les élèves de trois ou quatre classes pourraient descendre et sur une petite estrade réciter ou lire le poème qu’ils auront choisi ( même remarque que pour le premier point). Ils pourront ou non être accompagnés d’un chœur d’élèves (pour un vers) ou d’un instrument de musique. Ils se passeront une écharpe quand ils monteront sur l’estrade. L’idée est qu’il s’agit d’un passage de témoins et que cela doit durer le plus longtemps possible. Cela suppose que les professeurs mettent au courant les élèves et de constituer un planning, à partir de 9 heures, par exemple. Pour le planning, le proviseur –adjoint pourrait nous aider .
4. On pourrait imaginer qu’une heure soit consacrée dans chaque classe, prise en charge par un professeur (qui ne serait pas forcément de lettres) à l’écriture de la poésie. La forme poétique pourrait être celle du haïku, parce qu’elle est brève et codée, mais en même temps très libre. Cela n’exclut pas toute autre forme brève (épigramme…). Un petit « cours » sur le haïku sera distribué dans les casiers. Chaque élève pourra en écrire un et au cours de la journée, l’offrir à qui il voudra.
5. Cette journée devrait être visuellement marquée . On pourrait demander aux élèves d’écrire sur des feuilles volantes des poèmes, en privilégiant ceux qui seraient écrits dans des alphabets non européens. Ces feuilles pourraient être agrandies en A3 et accrochées, mais où ? Comment ? (sur les vitres, les murs ?). Il ne faudrait pas que les agents aient un travail supplémentaire pour les déscotcher.
6. Dans le même ordre d’idée : des panneaux pourraient être installés dans l’établissement (cour, hall) sur lesquels les élèves pourraient écrire. Par exemple, sur deux colonnes : « la poésie c’est… » et « la poésie ce n’est pas … ». Il y a évidemment un risque de provocation mais le résultat peut être aussi très productif par la suite, lors de discussions en classe.
7. Il serait évidemment intéressant que cette journée soit filmée. Mais par qui ? Avec quel matériel ? Qui pourrait s’en charger ?
Ce ne sont que des propositions. Nul n’est obligé de participer. Mais il s’agit d’un projet qui pourrait permettre aux élèves de considérer le lycée (et peut-être le savoir) autrement.
Nous pourrions installer un panneau en salle des professeurs, à la rentrée, pour voir si un accord se dessine autour de ce projet, relever d’autres idées et voir qui se charge de quoi et à quel moment.
Une banque de poèmes (lus aussi et chantés) constituée par ce que possède déjà chez soi les uns et les autres, remis au CDI, pourrait être mise à disposition de tous .