Joseph Rossetto était récemment en visite à Amiens pour présenter les projets Avec les mots, la voix et le corps et notamment le magnifique travail de poésie réalisé par Ariane Dreyfus, avec une classe de 5ème pour Mon cœur le monde à l’intérieur , projet de Céline Baliki. L’aboutissement du travail de danse, la qualité des poèmes écrits par les élèves ont ému beaucoup de professeurs néo-titulaires qui ont demandé à accéder à l’intégralité de la recherche. Nous leur offrons donc le travail d’Ariane. Le film sera disponible à la demande.
L’écriture poétique a pour fonction de donner une présence aux mots, de les habiter, elle rend la langue vivante, elle est la mémoire d’une relation d’unité, d’immédiateté avec les choses et le monde. Lorsque nous mettons les enfants dans cette expérience non formelle avec les mots, on assiste à une redécouverte du langage pour des enfants qui sont dans une insécurité culturelle et langagière. Les mots semblent se créer et vivre de la présence de chacun des enfants.
Pour Mon cœur Le monde à l’intérieur les élèves ont travaillé sur leurs origines à partir de la poésie et de la danse : les thématiques étaient le métissage, l’identité, les racines. Ils ont questionné leurs parents sur les traditions de leurs familles, puis ont passé une semaine en immersion au Centre national de la danse. Ils ont revisité par le biais des écritures poétiques ou chorégraphiques contemporaines, les cultures transmises par leurs parents qui appartiennent à une mémoire personnelle, familiale ou générationnelle.
Au mois de juin 2008 ce spectacle fut présenté à la MC 93 à Bobigny et au CND de Pantin : l’accomplissement du travail réalisé par les élèves, l’excellence et la beauté des mouvements des enfants ont fait date dans ces recherches que nous menons depuis plus de dix ans sur les thèmes de l’humanité de la langue en lien avec le corps.
Le travail d’Ariane Dreyfus et de Céline Baliki a permis a beaucoup d’enfants de sortir de cette insécurité langagière dans laquelle ils étaient enfermés. Depuis quelques années, nous avons beaucoup cherché et écrit sur ce phénomène qui ravage les banlieues comme en témoignent les livres L’éveil et l’exil de Philippe Lacadée et Jusqu’aux rives du monde de Joseph Rossetto. Catherine Henri apporte une nouvelle contribution sur l’insécurité langagière dans sa chronique mensuelle Bibliothèque (é)mouvante
Enfin le Projet Nous ne sommes pas d’ici , mené au collège Guy flavien avec 27 élèves de 4ème et de 3ème , commence à prendre véritablement forme dans l’écriture. Les enfants d’Héraclès font leur chemin à la rencontre de ce qu’ils nattendent pas et qui pourra enrichir leur présence au monde... Il leur a fallu du temps pour trouver une exigence, se laisser aller, se perdre, prendre des risques. Céline Baliki nous donne un texte d’étape, tout en sensibilité, sur cette aventure prometteuse…
Merci à Maxime Beaufey pour son beau travail photographique.