Depuis 2002 je conduis, en plus de mon travail d’enseignante au lycée Clemenceau de Villemomble (Seine-St-Denis) des ateliers d’écriture en poésie dans des écoles, collèges et lycées, souvent dans le cadre de classes d’atelier artistique ou à projet d’action culturelle en relation avec le cirque, la danse ou le cinéma ; ainsi qu’auprès d’adultes lors de stages de formation d’enseignants. De cette pratique j’aime cette sorte de jeu : trouver des propositions d’écriture désirables, assez personnelles et assez ouvertes pour que chacun y trouve sa place, puis découvrir ce qu’elles ont donné, qui demeure la part la plus magique des ateliers. Découverte active, puisqu’il s’agit d’accompagner d’autres mains que les miennes, en un artisanat partagé. Sans compter le bonheur de retrouver mes « compagnons en poésie » tout au long d’une année, et même d’une année sur l’autre comme cela a été le cas au Collège Pierre Sémard de Bobigny, dans les classes de Céline Baliki.
Je proposerai en lecture sur le site des journaux de bord où je me suis prise au jeu de raconter nos micro-aventures, les entremêlant de petites réflexions sur la poésie telle que j’aime la faire et telle que je l’aime tout court. Certains trouveront peut-être dérisoire qu’on puisse se pencher aussi longuement sur la question de savoir si on met ici ou là une virgule ou plutôt un tiret, qu’on puisse noter les infimes particularités d’un brouillon, mentionner l’erreur qui fait lire un mot pour un autre et qui ouvre ainsi une piste inattendue, qu’on puisse s’attacher à retracer toutes les difficultés ou élans qui ont traversé un enfant à la recherche de son poème. J’aimerais qu’on les prenne comme des moments de vie et il n’y a de vie que par les singularités et les incroyables hasards. La poésie est une école de l’attention microscopique.